En 1998, un chercheur israélien appelé Raphaël Méchoulam s’intéresse de près au fonctionnement du cannabis dans l’organisme. Ce dernier met en exergue ce qu’il qualifie d’effet d’entourage, à savoir « la manière dont les différents composés du chanvre interagissent pour créer des synergies qui donnent à la plante ses propriétés spécifiques ».
Les propriétés spécifiques des composants
Aux Etats-Unis, le National Institutes of Health indique que l’ « interaction entre les cannabinoïdes et les terpénoïdes — parfois appelée “l’effet d’entourage” — peut être utilisée pour soigner “la douleur, l’inflammation, la dépression, l’anxiété, la dépendance, l’épilepsie, le cancer, [et] les infections fongiques et bactériennes” ».
Le CBD présente des bienfaits potentiels qui seraient donc accrus grâce à l’effet d’entourage, et en raison de son interaction avec les cannabinoïdes, terpènes et flavonoïdes.
Les cannabinoïdes
Il existerait environ 200 cannabinoïdes.
Parmi eux, on retrouve le CBD mais aussi le CBC (cannabichromene), le CBN (cannabinol), le CBG (cannabigérol) mais aussi le THC (tétrahydrocannabinol).
Tout d’abord, le CBD aurait des propriétés anti-inflammatoires, permettant de diminuer la sensation de faim, de stress, agirait comme un léger sédatif et préviendrait les vomissements (antiémétique).
La molécule de CBC permettrait quant à elle la neurogenèse, c’est-à-dire le développement de nouvelles cellules.
Le CBN serait un « antibactérien, anti-inflammatoire, anti-insomnie, anticonvulsif et anti-douleur ».
Enfin, le CBG augmenterait « les niveaux du neurotransmetteur GABA, » permettant ainsi de lutter contre l’anxiété et la dépression.
Malgré ses effets psychoactifs, la molécule de THC présente des bienfaits comme « soulager la douleur, stimuler l’appétit, améliorer l’humeur ».
Les terpènes
Les terpènes sont « des molécules aromatiques qui donnent aux produits contenant du CBD leurs arômes et leurs odeurs ».
Parmi les terpènes, on retrouve par exemple le myrcène, le limonène le pinène ou encore le linalol, chacun d’entre eux présentant des bienfaits (encore peu connus).
Le myrcène serait un « antidépresseur et anti–inflammatoire ».
Le limonène serait quant à lui connu pour les propriétés relaxantes qu’il procure en ce qu’il agit comme un antistress.
Le pinène, qui a l’odeur de sapin, est une molécule célèbre pour son effet anti-inflammatoire, permettant d’améliorer l’attention et pouvant être utilisé afin atténuer l’asthme.
Le linalol serait quant à lui un anti-infectieux, antibactérien, antiviral et un antifongique (détruisant les champignons microscopiques).
Les flavonoïdes
Pour ce qui concerne les flavonoïdes, ils comprennent de nombreux composants tels que isovitexine, pigénine, kaempférol et quercétine…
Les flavonoïdes sont des molécules connues pour leurs propriétés antioxydantes, mais également anti-inflammatoire et antibactériennes.
Bien que leur mécanisme d’action soit inconnu à ce jour, ils interagissent avec les cannabinoïdes et sont à l’origine de la couleur du cannabis.
Comment fonctionnent les synergies entre composants ?
Comme nous l’avons vu, le cannabis comprend différents composants, et les propriétés de ces derniers sont intensifiées dès lors qu’ils interagissent « de concert ».
Le fonctionnement de la synergie
La synergie ou l’effet d’entourage provoqué par l’association des composants du plant de cannabis permet d’abord d’améliorer la biodisponibilité, c’est-à-dire la vitesse d’absorption du produit par l’organisme.
Cela a également pour conséquence d’augmenter l’ « interférence avec les processus de transport cellulaire » ou encore d’activer les promédicaments, « composés inactifs qui deviennent actifs dans le foie ».
Enfin, une telle synergie permet d’améliorer la liaison des composés aux récepteurs cellulaires.
Des études auraient permis de mettre en lumière les conséquences positives de cet effet d’entourage.
Interaction THC/CBD et diminution des effets secondaires
Le Sativex est un médicament à base de cannabis permettant d’atténuer les symptômes des patients atteints de sclérose en plaque.
Lors de l’étude de ce traitement, le psychopharmacologue Ethan Russo a découvert que la consommation du THC associé au CBD présentait beaucoup moins d’effets secondaires que le THC isolé.
Dans cette étude, 40% des personnes qui ont pris ce médicament comprenant du THC pur ont constaté des effets indésirables tandis que cette part concernait 1,6% des patients (4/250) ayant suivi un traitement associant CBD et THC.
Interaction CBD/composants et amélioration de l’efficacité
En 2017, une étude brésilienne montre les différences en termes d’efficacité entre un traitement à base de CBD associé à d’autres composants et un traitement à base de CBD pur. Sans surprise, la première option présente des avantages supérieurs.
En effet, 71% des patients « ont constaté des améliorations, contre 36% pour ceux qui n’ont consommé que du CBD ».
L’ensemble des composants aurait des propriétés dont les effets sont plus importants lorsqu’ils agissent ensemble : c’est ce qu’on appelle l’effet d’entourage. Au-delà du mode de consommation et du taux en CBD, il est donc souvent nécessaire de privilégier un produit à base de CBD à spectre complet ou « full spectrum ». Riche en terpènes, flavonoïdes, et cannabinoïdes, la consommation d’un tel produit permettra de bénéficier des effets positifs de la synergie et de constater une efficacité accrue de leurs bienfaits.